Tacos français
Tacos français | |
Un tacos français accompagné de frites. | |
Lieu d’origine | Rhône-Alpes (Rhône, Isère ou Savoie) |
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Date | c. 1999 |
Place dans le service | Snack, restauration rapide |
Température de service | Chaud |
Ingrédients | galette de blé, viande, frites, sauce. |
Classification | restauration rapide, cuisine de rue |
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Un tacos français (avec un « s » même au singulier) est un plat de junk food (car excessivement calorique, gras et salé), issu de la restauration rapide française, et très différent du taco mexicain. Cette sorte d'hybride entre panini, wrap, kebab et burrito se compose d'une galette de blé repliée sur elle-même et grillée, contenant toujours une garniture qui est le plus souvent composée de viande, de frites et d'une sauce généralement à base de fromage crémeux industriel, appelée « sauce fromagère ».
Ce plat a été inventé entre les années 1990 et le début des années 2000 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il s'est popularisé en France dans les années 2010, surtout auprès des jeunes de l'époque pour lesquels il constitue un plat générationnel. Il a commencé à être produit dans d'autres pays à partir du milieu des années 2010. En 2023, selon un palmarès des chaînes de restauration rapide, le chiffre d'affaires des 6 principales chaînes de tacos français était d'environ 428 millions d'euros, en hausse de 27,5 % par rapport à l'année précédente.
Terminologie
Selon Daniel Shkolnik du journal Vice Magazine, le nom de tacos français est « une sorte de pirouette marketing, attirant les clients sur la promesse d'un symbole de la cuisine mexicaine tout en leur vendant un truc totalement différent »[1].
Il est aussi souvent désigné par l'anglicisme french tacos, et plus rarement par les régionalismes tacos lyonnais et tacos grenoblois[2].
Préparations
Le tacos se compose d'une galette de blé (ou d'un assemblage de plusieurs galettes pour les tailles supérieures)[3],[4] contenant une garniture au choix, composée généralement de :
- une ou plusieurs viandes presque toujours transformées (habituellement des petits morceaux de steak haché, kebab, cordon bleu, nuggets, poulet nature, au curry ou tandoori, tenders, merguez, mais aussi parfois d'escalope, bacon, jambon de dinde, kefta), qui peuvent être complétées ou remplacées par des produits de la mer (poisson pané, thon, surimi) ou végétariens (falafel, substitut de viande)[5],[6],[7],[8];
- une sauce fromagère industrielle[9], à base de lait et d'emmental (ou de protéines de lait et d'un mélange de différents fromages) ; d'autres sauces peuvent la remplacer ou y être ajoutées : sauce curry, barbecue, blanche, mayonnaise, burger, samuraï, ketchup, harissa, algérienne, etc. ;
- des frites, incorporées à l'intérieur de la galette, mais qui peuvent parfois être servies à part.
D'autres ingrédients peuvent être proposés en supplément, comme par exemple des crudités, du Boursin, un œuf ou encore du cheddar fondu.
Le plat est ensuite cuit sur un gril à panini et servi.
Valeur nutritive
Le tacos français est considéré comme un plat de malbouffe car il est excessivement calorique, gras et salé.
Son apport énergétique en calories, pour 100 grammes, est l'équivalent de celui d'un hamburger standard, emblématique de ce type d'alimentation néfaste pour la santé ; comme les tacos français pèsent en moyenne 300 grammes (selon la taille, le nombre de viandes et de sauces), et peuvent peser jusqu'à près d'un kilo, leur apport énergétique s'élève à 1600 calories en moyenne, et jusqu'à plus de 2300 calories pour le format « XL », soit en moyenne 60% et jusqu'à plus de 90% des apports journaliers recommandés (AJR) pour un adolescent de 14 ans[10].
Son apport en matières grasses dépasse les deux tiers des AJR pour les tacos de taille M, et les quatre tiers pour les tacos de taille XL[10].
Son apport en sel, hors suppléments, varie entre 5 et 10 grammes, soit entre 100% et 200% des AJR[10].
Pour ces raisons, l'organisation de consommateurs CLCV encourage « à une consommation occasionnelle de ce type de sandwich, à privilégier les tailles M ou L, à ne choisir qu’une seule sauce et à éviter les suppléments proposés (frites, sauces, fromage…) »[10].
Historique
Une origine contestée
L'invention de ce plat a été attribuée à différentes personnes, mais toujours entre les années 1990 et le début des années 2000, et toujours dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Origine rhodanienne
Selon un reportage de l'émission 66 minutes, le tacos français aurait été inventé à la fin des années 2000 à Lyon par Mohamed Soualhi, le fondateur de Tacos Avenue[11].
Toutefois, Mohamed Soualhi a déclaré au magazine Grazia que le « french tacos est né à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, vers 2004 ». La vente de tacos similaires se serait alors étendue d'abord en Rhône-Alpes avant de se développer partout en France[6].
Pour Lauren Collins, du magazine américain The New Yorker, le tacos français pourrait provenir du restaurant de Vaulx-en-Velin, tenu par Salah Felfoul, qui prétend avoir inventé la sauce fromagère en 1993[12].
Selon le réalisateur Bastien Gens, qui a publié un documentaire sur l’histoire du tacos, Tacos Origins, c'est entre Villeurbanne et Vaulx-en-Velin, entre la fin des années 1990 et le début des années 2000 que ce genre de « taco » aurait été créé[13].
Origine iséroise
Des sources citent comme possible lieu d'émergence de cette spécialité Saint-Martin-d'Hères à côté de Grenoble[2].
C’est le Grenoblois Patrick Pelonero qui, après avoir mangé des tacos français quand il travaillait comme ouvrier[12], a fondé la chaîne O'Tacos à Grenoble, dont le produit phare est le tacos français le plus vendu aujourd'hui[14].
Origine savoyarde
Selon le magazine marocain Telquel, c'est dans un snack de Savoie que les frères Abdelhadi et Mohammed Moubarek auraient inventé le concept du tacos français en adaptant le style du taco mexicain à leurs préparations traditionnelles de kebabs[15].
Popularisation dans les années 2010 : un phénomène de société
C'est principalement à partir des années 2010 que le tacos français se popularise, surtout auprès des adolescents et des jeunes adultes, qui l'adoptent comme une sorte de sandwich générationnel : de manière comparable à l'adoption du hamburger et du kebab par les générations précédentes, le tacos français devient un contre-modèle nutritionnel des tendances saines et gourmandes, selon l'influenceur culinaire Julien Pham[6]. De même, selon la journaliste de Télérama Estérelle Payany, c'est une forme de « what the fuck adolescent du bien-manger » dont la raison d'exister est de « brouiller les codes du bon goût »[16].
Selon le journaliste du Monde Léo Bourdin, en 2022, « les rappeurs achèvent d’ériger le tacos français au rang d’icône », le citant dans leurs textes (à l'instar de PNL ou Niska) ou créant même des franchises de restaurants[17] ; selon lui, pour les adolescents et les jeunes, « le sandwich, à la fois peu coûteux et réconfortant, devient un moyen de raconter une réalité, un mode de vie ; de revendiquer son appartenance à une culture »[17].
Internationalisation
Le magazine marocain Telquel identifie Abdelhadi et Mohammed Moubarek, deux frères casaouis originaires de Hay Farah, comme principaux importateurs du concept du tacos français au Maroc, quand ils ont ouvert en 2013 leur premier restaurant de tacos français à Mers Sultan[15]. En 2018, leur chaîne de restauration rapide Tacos de Lyon avait ouvert 30 restaurants dans plusieurs villes marocaines[18].
En 2016, le premier restaurant de tacos français est ouvert en Belgique, à Schaerbeek[19]. En 2024, on en trouve aussi au Luxembourg, en Allemagne et aux Pays-Bas[20].
En 2023, la fabrication et la vente de tacos français ont également été exportées à Seattle, aux États-Unis, par des entrepreneurs français[21].
Économie
Le prix de vente des tacos français dépend de leur taille, définie par le nombre de viandes choisies. La version la plus simple (taille M) coûte autour de 5 euros[22]. Son coût moyen de préparation est estimé pour les restaurateurs en 2024 entre 1,30 €[23],[24] et 1,43 €[25].
En France, plusieurs enseignes se partagent le marché du tacos français : O'Tacos (345 restaurants franchisés fin 2023)[26], Chamas Tacos (plus de 90 restaurants en juin 2024), New School Tacos (37 restaurants en 2024), Takos King (26 restaurants en 2024), Tacos Avenue[27] (anciennement Tacos King[28], 24 restaurants en 2024[29]), Enjoy Tacos (17 restaurants en 2024), Le Tacos de Lyon (8 restaurants en 2024) et Kassia Food Tacos (7 restaurants en 2024)[30].
En 2024, selon la revue des chaînes de restauration en France réalisée par Food Service Vision[31], le segment du kebab et des tacos français totalisait un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros ; selon le palmarès des chaînes de restauration rapide réalisé par France Snacking, le chiffre d'affaires des 6 principales chaînes de tacos français était d'environ 428 millions d'euros en 2023, en hausse de 27,5 % par rapport à l'année précédente[25].
Notes et références
- « Quand les Américains découvrent les « tacos français » », sur Munchies, (consulté le ).
- « Tacos grenoblois ou tacos lyonnais : le match continue sur internet », Le Dauphiné libéré, (lire en ligne).
- « L'incroyable succès de la recette d'O'Tacos pour transformer le gras en or », sur Challenges (consulté le ).
- « Restauration rapide : la tendance du tacos », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Les tacos à la française », L'Est républicain, (lire en ligne, consulté le ).
- « Pourquoi la nouvelle génération raffole autant des tacos », Grazia.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « À table - Le tacos s'invite dans la rue des Carmes à Aurillac », www.lamontagne.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « ENQUÊTE : Les Tacos, nouveaux rois du fast-food français », Clique.tv, (lire en ligne, consulté le ).
- « Lobster roll ou taco “à la française” : qui va succéder au burger ? », Télérama.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- Selon un communiqué de presse publié le 29 mai 2023 par l'organisation de consommateurs CLCV : « French tacos : si les informations nutritionnelles sont inexistantes… Les calories explosent » (cité notamment par le podcast Reporterter de Radio France du 25 mai 2023 : « Le Tacos français explose le compteur de calories, "on sait qu'on mange gras, c'est ce qui attire" »).
- « Reportage sur la tendance du French tacos - Tacos Avenue », (consulté le ).
- (en-US) Lauren Collins, « The Unlikely Rise of the French Tacos », sur The New Yorker, (consulté le ).
- J.-P. Cavaillez, « Le tacos, une histoire lyonnaise », sur leprogres.fr, (consulté le ).
- « Lyon ou Grenoble ? Un célèbre magazine américain s'intéresse à la naissance du tacos », sur actu.fr.
- « Phénomène: le tacos français, le nouveau chawarma des Marocains », Telquel.ma, (lire en ligne, consulté le ).
- Estérelle Payany, « Lobster roll ou taco “à la française” : qui va succéder au burger ? », Télérama 9 mai 2018.
- Léo Bourdin, « Le french tacos et moi, un duel dégoulinant », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- S.N., « Développement rapide pour Tacos de Lyon: L'enseigne vise 70 restaurants à moyen terme », Médias 24, 9 juillet 2018.
- Karim Fadoul, Schaerbeek: des files pour le premier O'Tacos de Belgique, 2 octobre 2016, RTBF.be.
- globalis, « O’Tacos s’exporte aux Pays-Bas », sur Tendances restauration, (consulté le )
- (en) Harry Cheadle, « What Are French Tacos and What Are They Doing in Seattle? », sur eater.com, Eater Seattle, (consulté le ).
- Vanity Fair, « La folie française des french tacos passera-t-elle l'été ? », 11 août 2021.
- « Qu’est-ce que le french tacos – tacos français ? » sur atlanterra.fr
- https://www.snacking.fr/uploadpub/fs/76/#p=8
- France Snacking, snacking, n°76, avril-mai 2024, pages 8 et 44 (page 16 du « Palmarès des 150 majors de la Restauration Rapide »).
- Paul Fedèle, « O’Tacos, le pionnier du french tacos ne connaît pas la crise, snacking.fr, 12 Mars 2024.
- « Tacos Avenue vise 20 restaurants d'ici fin 2017 », Snacking.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « La mode des tacos déferle sur Charleville », sur l'Union, .
- Observatoire de la franchise, « Tacos Avenue a inauguré son 24ème restaurant au cœur de Saint-Etienne », 24 avril 2024.
- Lauren Collins, « The unlikely rise of the french tacos », The New Yorker, 12 avril 2021.
- Food Service Vision, « La Revue Chaînes - Édition 2024 ».